Tout le monde a déjà aperçu les portraits Harcourt, même sans mettre un nom sur l’auteur de ces célèbres photographies. Finalement, on en sait peu sur les pères fondateurs de ce studio d’excellence et de prestige du paysage culturel français. Car, non, Harcourt n’est pas le nom d’un photographe, mais plutôt d’une fondation. Cosette Harcourt, les frères Lacroix et Robert Ricci ont crée ensemble, en 1934, le studio reprenant le nom d’emprunt de la femme de Jacques Lacroix : Harcourt ! Leur but ? Monter un atelier spécialisé dans les portraits d’art du XXème siècle destinés à la presse. Si renommée, cette maison accueille bientôt les anonymes qui s’y précipitent.
Investigateurs du style, ces intemporels et mystiques portraits noir et blanc, de personnalités du cinéma et de la culture (écrivains, peintres, chanteurs, politiques) relèvent d’une technique bien précise. Maquillage, pose, cadrage, éclairage, rien n’est laissé au hasard, chaque détail est bien pensé. Tirée au format 24×30 cm, les épreuves sont réalisées sur fonds unis gris-noir, de façon à capter le regard. L’opération est répétée pour ce qui est du cadrage : toute l’attention est portée sur le visage du modèle, cadré au buste ou plus rapproché, le plus souvent à la verticale, à la tête inclinée. Cadrage dynamique, enclin à la proximité, et qui sacralise le visage.
Légende internationale du portrait d’art, le Studio Harcourt tient surtout sa griffe de son éclairage ciselé qui met en avant le naturel du modèle. Ces portraits très contrastés sont réalisés en lumière continue, sans flash, au tungstène maitrisé, à la façon des plateaux cinéma d’Hollywood des années 1930. Chaque photographie est unique, mais suit toujours la même méthode produisant ce halo si particulier de clair-obscur. Trois axes de lumières : une lumière faciale, une venant du bas et une autre en contre-jour, le tout complété par un ajustement selon le visage du modèle.
Cette prouesse technique vise à immortaliser les sujets de manière naturelle mais travaillée afin de les faire paraître sous leur meilleur jour, avec style, élégance et sobriété. Savoir faire unique du studio Harcourt. Même s’ils ne sont pas signés de leur fameuse empreinte tel des œuvres d’art, nul doute, vous reconnaitrez un portrait Harcourt.
Finalement, un seul secret demeure : avec l’arrivée du numérique, quelle est la place de la retouche dans ces clichés ? Ils seraient retravaillés selon les vœux du client.
Pour la petite histoire, le studio a fait faillite en 1990, puis a été repris en 1993 par l’un des anciens photographes de l’époque, Pierre-Anthony Allard (www.pierreanthonyallard.com). En 1989 et en 1991, le ministère de la Culture achète les près de 6 millions de négatifs datant de 1934 à 1991, soit les photos de plus de 500 000 personnes dont 1 500 personnalités. Enfin, en 2007, Francis Dagnan rachète la société.
Situé à Paris, il n’est pas trop tard pour connaitre votre quart d’heure de gloire et vous faire tirer le portrait à la sauce Harcourt pour entrer à votre tour dans la légende. Et pour cela, pas besoin d’être riche ou une vedette du septième art, car le studio Harcourt a développé, en 2011, après un an de recherche, une cabine photo luxe, la « Cabine H » qui permet à qui le souhaite de repartir avec sa trombine immortalisée au style de la maison (sans flash, à la lumière continue, reproduit le mythique effet de halo). Faites comme Edith Piaf, Jean-Paul Gautier, Monica Belluci, Laetitia Casta, ou Jean Dujardin !
Vous pouvez admirer le travail du studio Harcourt au travers de leurs quelques expositions ou plus directement sur leur site internet : http://studio-harcourt.eu/fr/
Pour tenter de reproduire ces fameux portraits, voici des suggestions d’articles plus technico-descriptif : http://danslesyeux.com/portrait-facon-harcourt/ ou http://www.cours-photophiles.com/index.php/les-grands-themes-photo/le-portrait-harcourt-.html
A vos boitiers !
Anne-Aymone Méquinion – Avril 2014
Copyright Anne-Aymone Méquinion 2014 – Reproduction interdite
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’Auteur pour l’usage exclusif et non public sur le site web de Calais Images.